Cette réflexion part de l`hypothèse que le texte poétique francophone, dans sa structuration traditionnelle, s`écarte de la norme mallarméenne de la clôture du texte. À travers une approche phénoménologique de la poésie, nous soulignons à travers les gestes de l`ouverture et de l`exclamation la dimension transitive du texte poétique chédidien. D`une part, la démarche consiste à montrer que l`auteur fonde sa poétique sur la relation consubstantielle de son texte au monde : car, dans et à travers le poème, le monde se révèle au sujet lyrique et au lecteur. D`autre part, par le développement de la modalité exclamative, le poème traduit le monde par les motifs de la célébration et de la merveille qui inscrivent l`œuvre dans la tradition orphique. Par ces gestes lyriques, non exhaustifs par ailleurs, notre propos défend la thèse selon laquelle la fonction poétique jakobsonienne qui se fonde sur le caractère narcissique du poème ne rend pas totalement compte, du point de vue esthétique, des critères essentiels de la poésie lorsqu`elle est en interaction avec le contexte francophone.